Habitat temporaire
Les SDF, représentent une catégorie bien complexe de personnes. Composée principalement d’individus en difficultés, de marginaux et d’immigrés, leur mode de vie et habitudes poussent à la réflexion des politiques, sociologues et urbanistes. Le nombre de sans abris en France en 2017, s’élevait à 143 000 selon la Fondation Abbé Pierre.
Sur Tours, une communauté s’installe régulièrement sur les bords de Loire entre La Riche et le centre historique tourangeau. Où s’installent-t-ils précisément ? Pour quelles raisons ? Ont-ils conscience des risques ? Quand et pourquoi quittent-t-ils ces lieux ? Les visions et dire des SDF, des bénévoles et des politiques diffèrent sur ces sujets.
Si l’on peut penser que la municipalité déloge ces personnes pour des soucis de sécurité publique ou encore de pollution, des intentions plus subtiles existent-elles ? Afin d’avoir des éléments de réponses, nous avons interviewé Romaric, un employé de la Barque (café associatif et lieu d’accueil pour personnes en difficultés), et Erwan un jeune SDF tourangeau fréquentant la communauté de bord de Loire.
Romaric, 24 ans, salarié à temps plein pour l’association La Barque
- Bonjour Romaric, depuis quand travaillez-vous ici ?
- Je suis en contrat depuis fin juin 2017 quand l’association a été cre-créée suite à une liquidation judiciaire de la précédente. Elle datait de 1996.
- Quel est votre statut ?
- Je suis l’unique salarié, on est sur une demande de subventions pour former une nouvelle équipe. Sinon, nous avons aussi des bénévoles qui viennent assurer des permanences en fonction de leurs disponibilités.
Suite de l'interview
- Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler ici ?
- J’étais en formation d’éducateur spécialisé et j’y ai réalisé mon stage. Je suis arrivé un peu par hasard. C’est un coup de chance, j’ai pu participer à la re-formation de l’assos et depuis je ne suis plus jamais repartis !
- Si vous restez c’est que vous aimez cette association, qu’est ce qui vous plait le plus ici ?
- J’aime le fait que les relations avec les personnes ne soient pas forcées. On n’est pas des travailleurs sociaux. Notre travail est complémentaire avec ce que font ces institutions. J’aime le fait que l’accès soit libre, que les personnes puissent venir sans avoir à s’identifier, ils peuvent rester anonyme. Enfin, on est situé en cœur de cité, ce qui est très rare, on n’est pas excentré.
- Connaissez-vous des gens qui dorment en bords de Loire ?
- Oui, un groupe d’une dizaine de personnes, y installe un campement tous les ans.
- A quelle période sont-ils présents ?
- Sur la période estivale. Ils s’installent entre avril et mai et repartent entre octobre et novembre. C’est la municipalité qui les déloge en raison de risque de crue. Quand ce n’est pas le cas, ils fuient d’eux-mêmes le froid des bords de Loire.
Erwan, 26 ans, SDF
- Bonsoir, nous faisons un webdoc sur les habitats précaires en bord de Loire. On nous a orienté vers vous afin d’avoir des infos. Est-ce que vous nous accorderiez 10 minutes de votre temps pour faire une interview ?
- Ouais ok, pas de problème j’en connais des gens qui dormaient en bord de Loire. Mais c’est quoi un webdoc ?
- C’est un documentaire animé qui sera mis sur internet, nous on s’occupe de la question des habitats précaires. Pouvez-vous commencer par vous présenter ?
- Heuuu… les gars je veux bien répondre mais j’suis pas chaud pour donner mon identité. Je suis Breton, on va dire que je m’appelle Erwan, j’ai 26 ans.
Suite de l'interview
- D’accord enchanté Erwan, est-ce que toi tu as déjà dormi sur les bords de Loire ?
- Non moi ça va j’ai du bol j’ai un camion du coup je peux dormir dedans. Mais là je peux plus bouger parce qu’il est cassé. De toute façon là y a plus personne ils se sont tous fais virer !
- Et, pourquoi ils se sont tous fais virer ?
- Bah ouais en fin d’automne, la mairie a dégagé tout le monde. Ils ont dit qu’il y avait un risque d’inondation.
- Et tu sais si ces personnes (SDF) elles en ont conscience de ce risque ?
- Bien sûr que oui ! Quand ils voient l’eau monter, ils s’en vont-ils, ils sont pas fou !
- S’ils ont conscience de ce risque pourquoi ils choisissent de rester là-bas ?
- De l’eau t’en a une ou deux fois par an, le printemps et l’été c’est super cool. C’est en ville mais c’est au calme.
- C’est quoi les activités de ces gens sur les bords de Loire ?
- C’est comme tout les autres tu sais, ils y sont juste pour dormir. Le reste du temps ils sont en ville.
- Merci beaucoup pour ces informations.
- Pas de problème j’espère que ça vous aidera.